Covid-19
La compassion pour seule option?
Un pays entier devant sa TV, faisons de la pub! Donnons-leurs une petite musique émouvante, des images d’archive (ou notre porte parole qui se filme de chez lui), quelques bonnes actions et surtout, beaucoup de compassion.
C’est un fait, nous sommes pour la grande majorité chez nous en témoigne l’augmentation prodigieuse du temps passé devant un écran. Les marques sont devant un casse tête. Beaucoup de consommateurs potentiels à atteindre VS le risque beaucoup plus élevé de com en temps de crise.
Face à ce dilemme, la grande majorité a opté pour l’axe compassionnel.
« C’est au tour de votre maison de prendre soin de vous, restez chez vous » – Lowe’s, Rona, Réno dépôt…
« On vous livre du réconfort » – St-Hubert
« Restez chez vous, on s’occupe de tout » – Plusieurs marques
Le gouvernement a lui aussi investi massivement en publicité, notamment à destination des jeunes. Une telle sensibilisation a eu un effet très positif sur notre capacité à nous confiner. Elle pourrait rendre le déconfinement plus complexe.
Redonnez-moi de l’humour, des grands espaces, du positivisme, du rêve, je vais devenir névrosé!
Une marque, comme une personne, a son identité propre. Ikea le bon voisin, Nike le héro, Maxi le décalé ou Dyson le magicien… sont-ils tous devenus, du jour au lendemain, la même personne qui te regarde avec les yeux rougis, la bouche pincée et une main sur l’épaule en te disant « je compatis, je suis avec toi, n’hésite pas si je peux faire quelque chose ».
Heureusement, demeure un bon élève, la publicité physique! Celle-ci a réussi à beaucoup plus intégrer humour et dérision à son message. L’aspect statique d’un tel format permet sans doute plus de latitude, ou encore, voir ces publicités impliquant souvent d’être sorti de chez soit, les agences ont ici considéré que le public ciblé est plus dans l’action, plus positif, moins dans la boucle infernale des journaux TV d’information 24h/24.
Pensez à votre réaction devant à cet ami montrant beaucoup trop de pitié face à votre deuil ou en cas de rupture. Allez-vous continuer à le fréquenter ou allez-vous chercher d’autres fréquentations qui vont au début vous changer les idées, puis ensuite vous faire vivre tout simplement? C’est facile de critiquer après coup comme je le fais. Je comprends aussi que l’aspect inédit de la situation ne pousse pas les agences à la prise de risque. Mais, il est encore temps de proposer des approches alternatives, à l’image de ce qui se fait en pub statique.
Redonnez-moi mes marques!